Un nouvel orage qui éclate. Avril devait normalement marquer la fin de la saison des pluies. Il faut croire que l’heure péruvienne s’applique jusqu’aux saisons. Attendre que cela se calme sous les auvents précaires du centre San Cristobal est la seule option raisonnable, jusqu’au moment ou l’impatience prend le dessus. Courir à destination, éviter les torrents et les gouttières à ciel ouvert fait dorénavant partie de mon quotidien.
J’ai parfois du mal à réaliser que cela ne fait que 3 mois que je suis de retour à Ayacucho. Dublin me paraît tellement loin. Ces séances de ciné improvisées mais tellement prévisibles, ces allers-retours jusqu’à Madina pour s’enfiler un paneer masala devant un match de foot en streaming, ces longues journées subies devant un écran vide de sens, ces nuits passées sur le rebord de ma fenêtre à fumer des roulées pour trouver le sommeil. Tellement loin.
Je dois bien avouer que lors des quelques semaines qui ont précédé ce nouveau départ je me suis souvent demandé si j’avais pris la bonne décision, si ce retour dans les Andes n’était pas qu’une fuite joliment maquillée. Quand je me revois m’oublier au nom d’une histoire insensée, quand je repense à toutes ces heures perdues à gamberger et quand je regarde aujourd’hui le chemin parcouru je peux affirmer qu’il n’en est rien.
Récemment je me suis réveillé en panique au beau milieu de la nuit, persuadé que j’étais de retour à mon ancien poste, ayant renoncé à cet idéal de vie qui reste du domaine de l’abstrait mais qui se concrétise un peu plus chaque jour. Il m’aura fallu quelques minutes pour réaliser que ce n’était qu’un cauchemar, un rappel à l’ordre de mon subconscient. Je ne sais toujours pas ce que je me réserve comme avenir mais je sais de quoi je ferai abstraction. Une course par élimination, en quelque sorte.
Et puis Ayacucho ne serait pas Ayacucho sans les rencontres que l’on peut y faire, sans cette énergie qui semble sublimer tous ceux qui décident d’y poser leur sac. Parfois même, alors que rien ne semblait l’indiquer, certaines de ces rencontres influencent votre vie bien plus que vous n’auriez pu l’imaginer, chassent ces vieux démons qui s’étaient invités à votre table depuis bien trop longtemps, sur lesquels vous vous étiez cassé les dents.
Apprendre à s’abandonner de nouveau, le temps d’une saison. Que cela soit celle des pluies, cela n’a au final que très peu d’importance…
From Ayacucho, with love
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Un plaisir de retrouver ta plume… surtout pour lire de si bonnes nouvelles. 🙂
Cuidate