Avant de poser mon sac pour la première fois à Ayacucho, il y a 3 ans de cela, je n’avais que très rarement été confronté au handicap. Je dois bien admettre que, la plupart du temps, j’évitais de croiser le regard de ces personnes considérées comme “différentes”. Les campagnes de sensibilisation avaient beau mettre en avant une égalité légitime, elles n’avaient pour ainsi dire aucun impact sur mon comportement. Cela me fait mal de l’avouer. Je ne me crois pas plus intolérant que la moyenne de l’humanité mais le fait est que, inconsciemment, je ne pouvais m’empêcher de porter sur ces personnes un regard mélangeant maladroitement pitié et curiosité malsaine. En occident, la différence fait baisser les yeux, au Pérou on la pointe du doigt. Différents symptômes pour une même peur.
La première fois que j’ai mis les pieds dans la chambre des niños especiales, je me suis senti autant dans mon élément que dans un magasin de lingerie. Des cris, des pleurs, des odeurs suspectes. J’avais juste envie de prendre mes jambes à mon cou et de ne plus être confronté à cette réalité si dérangeante. Je me suis accroché, un peu contraint et forcé, mais ce mois était loin d’être suffisant que pour opérer un changement en profondeur. Cela fera bientôt un an que je suis de retour à la Casa Hogar, et ce n’est que très récemment que je me suis rendu compte que ma manière de percevoir le handicap avait évolué. Quand je passe en fin de journée pour discuter un peu avec Eberson, pour faire un gros bisou sur le front de Nilda ou un calin à Maria-Antonietta, ce ne sont pas des enfants handicapés que j’ai en face de moi. Juste des enfants, avec leur caractère, la folie et l’innocence propre à leur âge. Les pleurs ont fait place aux rires, la peur à l’amour. Un amour pur et inconditionnel comme je souhaite à quiconque d’avoir l’opportunité de le ressentir un jour.
Quand je martèle à qui veut bien m’écouter qu’Ayacucho m’a apporté bien plus que ce que je ne l’avais espéré au départ, cela en fait partie. Je sais bien que tôt ou tard je partirai. L’appel de la route finira bien par me rattraper. D’un départ éventuel, je ne veux pourtant pas y penser, tant je sais que je le vivrai comme un déchirement. Mais en séchant mes larmes je leur dirai merci, du plus profond de mon âme, pour avoir sans s’en rendre complètement chamboulé ma vision du monde. Pour m’avoir rapproché un tant soit peu de cet idéal humain auquel j’aspire. Je compte bien profiter de chaque minute passé à leur côté pour essayer de leur rendre en amour ce qu’ils m’ont apporté en tolérance. Plus jamais je ne baisserai les yeux.
From Ayacucho, with Love Nicolas
Tu es tres beau, Nico.
Lilie
bon j’ai finalement découvert ton blog, tu vas payer des taxes pour avoir publié ma photo sans mon accord écrit… je te rapelle qu’on n’est pas encore marié et j’ai le droit de conserver mon anonymat… jajajaja
Magnifique texte, cela me touche beaucoup, bons baisers de Bernissart.
Nathalie
Gracias por el lindo texto y las preciosas fotos.
Mireya de Poitiers, amiga de Catherine
que sigas escribiendo y sacando muchas fotos ( encontré tu blog gracias al facebook de Shab )
cuidate
besos
très beau texte nicolas je suis très fière de toi , je pense souvent a toi ,gros bisou et a bientot fiston
Slt Nico
Beau texte, encore une fois. Par çi par là, je me balade sur ton site, je lis tes textes de tes anciens voyages, et qu’une envie me vient : repartir à la découverte de terres inconnues, avec ma Nono. En attendant, je suis tes aventures avec délices. Et on attend l’invitation pour le mariage avec la China 🙂
Bises