Le pouce levé à la sortie de Samaipata sous un soleil radieux, me voilà parti pour une bonne journée de route pour rejoindre Totora, à mi chemin en direction de Sucre. Il est 9h, avec un peu de chance je devrais être sur place à la tombée de la nuit. Seulement voilà, 2h d’attente plus tard j’avais du voir passer 3 véhicules, dont 2 transportant du bétail et je me voyais mal faire la conversation à des porcs pendant 6 heures. Finalement une voiture s’arrête. Le conducteur me dit de ranger mon optimisme au placard, que le plus simple est de prendre le bus qui part de Maraina à 14h30. Après quelques longues heures d’attente dans cette ville ouvrière où jamais un gringo n’a du mettre un pied nous voilà partis.
17h. Un sifflement de plus en plus insistant perturbe ma sieste. Le bus s’arrête, tout le monde descends. Un problème de frein apparemment. Après quelques minutes de réflexion, le chauffeur ramasse une pierre au bord de la route, se glisse sous le bus et se mets à taper comme un forcené. Cela s’avère efficace, apparemment. En tous cas il en ressort avec une mine satisfaite. Nous voilà donc reparti, pas trop rassuré.
19h. Arrêt bouffe. L’occasion d’accueillir une cinquantaine de cagots de fraise comme compagnon de voyage. La route laisse place à une piste de terre, la nuit tombe, le brouillard se lève, des cochons traversent la route, des passagers sortis de nul part nous rejoignent. Pour faire passer le temps, le chauffeur nous sort de sa réserve de dvd piratés un bon Jean-Claude Vandamme de derrière les fagots (celui ou il joue son jumeau pour les connaisseurs).
21h. Nouveau bruit, beaucoup plus inquiétant cette fois. La réparation à coup de pierre ne s’est finalement pas avérée très efficace. ¿Donde Estamos? Au milieu de nulle part, en fait. Dans un virage, le ravin à notre gauche et la montagne à notre droite. Les gens sortent pour constater les dégâts. Pas prêt de pouvoir repartir. Un vent glacial et des raisons peu évidentes de sécurité me poussent à me réfugier dans le bus. Un autre bus va venir nous chercher? Super! quand? Dans 2h à tout casser me dit on…
5h du matin. Après un bon 8h d’attente notre bus de secours arrive enfin mais pas pour nous emmener à destination. On va plutôt essayer de réparer avec de vrais outils cette fois! Une heure bricolage plus tard le convoi se remets en marche. Pour célébrer ce dénouement heureux, le chauffeur nous fait péter de la cumbia à fond dans les haut parleurs. L’heure est à la fête.
9h. 24h après avoir quitter Samaipata me voici finalement à Totora sans avoir pu fermer l’œil de la nuit. 70 Bolivianos en poche, je ne vais pas aller très loin et le distributeur le plus proche est à Sucre, qui est à plus de 6h de bus. Direction Sucre donc seulement voilà, on me dit que des barrages syndicalistes bloquent la ville, pas moyen de s’y rendre…
13h. J’erre dans le village, tentant de trouver un plan de secours. Un flic tente de me vendre un permis pour faire des photos de l’église, un gamin me prétends qu’il a 28000 ans et que donc, il a le droit de fumer. Je dois manquer cruellement de sommeil.
15h. En désespoir de cause je prends un bus pour Aiquile, le village d’après. A la recherche d’un refuge pour la nuit un panneau m’interpelle, u bus part pour Sucre 19h30? Je crois rêver. La route est ouverte alors? Ben oui, pourquoi ne le serait elle pas me réplique t on. Je tente ma chance et finalement aux alentours de minuit me voilà sur Sucre, la ville blanche, avec une seule envie, prendre une douche. Même froide, je m’en fous…
1h00. Je m’endors en me disant que même si je sors de cette journée sur les rotules, je ne l’échangerai pour rien au monde.
PS: Catherine, tu voulais des histoires de bus, ce billet est pour toi!
Hasta Luego
Wow… Quel récit captivant! J’ai quand même eu un peu peur que tu n’arrives jamais à Sucre! J’ai même cru que tu devrais vendre ton corps pour y arriver… :op
Au final, le plus terrible dans cette histoire, c’est d’avoir été obligé de regarder “double impact”!
Ooooooooohhhhhhhhh meeeeeeeeeeercccccccccciiiiiii!!! Elle est bien médaille d’or cette histoire bus!
Pour remonter dans un bus dont les freins ont été réparés à l’aide d’une pierre, en sachant qu’il s’agit de routes de montagne, il faut croire en sa très bonne étoile!
PS: Double Impact, il était doublé?
C’était Double Impact donc! Merci pour l’info. Et oui, il était doublé en espagnol pour mon plus grand plaisir.
Un grand moment de cinéma!