Pélerin d’un jour

5h du matin, quelqu’un frappe à la porte. Réveil au pied d’un gigantesque cylindre de prière contenant un bon million de mantras, sur un sol marbré qu’un maigre sac de couchage a bien du mal à adoucir. Il fait froid, aussi froid qu’il puisse faire dans un monastère perché à 3300 m à une heure aussi indécente. Une nuit aux rêves agités va laisser place à une journée de marche qui ne le sera pas moins mais ca, je ne le sais pas encore.

J’émerge tant bien que mal pour découvrir de l’autre côté de la porte le spectacle de 500 moines et nonnes boudhistes syroptant leur Chai (thé à l’indienne) et faisant le plein de provisions pour la journée. Ils viennent du Népal, du Bhoutan, de France ou du Brésil. Ils s’apprètent à entamer un pélerinage de 43 jours pour rejoindre Leh, ma prochaîne destination, situé à quelque 370km au nord de Keylong où je viens de passer les 3 derniers jours attendant que la route soit ouverte aux véhicules motorisés. A leur tête, Sa Sainteté la dernière réincarnation du lignage des Drukpas, une branche de l’église tibétaine dont l’origine remonte au XIII siècle. Ce saint homme (le monsieur au béret bleu) n’est pas très éloigné du Dalai lama dans la hiérarchie, pour autant que l’on puisse parler en ces termes.

 

6h30, finalement le convoi se met en marche, lentement, très lentement avec pour objectif de rejoindre le sommet de la montagne aux 7 Boudhas culminant à quelques 4300 m. Après 2 heures de paisible grimpette, le sol rocailleux fait place à une neige boueuse piétinée par la marée humaine qui m’a précédée. C’est le privilège d’être parti en queue de peloton. L’air se fait rare. Des villageoises chaussées de tennis me dépassent sans laisser transparaître le moindre signe de fatigue. Il se met à neiger, ce chemin tortueux n’en fini pas. A chaque pas cette sensation que la moindre seconde d’inattention peut m’envoyer 200 m plus bas.

Après 7h d’ascension me voilà enfin au sommet. Sa Sainteté y est entourée de ses fidèles, professant sans doute de saintes paroles que mon niveau de tibétain ne me permet pas de déchiffrer. Sans attendre mon reste j’entame une vertigineuse descente dont mes genoux se souviendront, non sans avoir une dernière pensée pour ces fidèles partis pour répéter l’effort quotidiennement pendant 6 semaines, par pure dévotion.

De retour à Keylong, on m’informe que l’armée a fini de déblayer les tonnes de neige qui me séparaient de Leh, dans la province de Ladakh. 16 h de jeep qui vont me faire traverser des paysages d’une splendeur indescriptible, dont le compte rendu imagé vous sera délivré tout prochainement!

D’ici là je vous embrasse!

May all human beings be happy

Nico

2 réflexions au sujet de “Pélerin d’un jour”

  1. Je suis toujours émerveillée par la beauté des personnes, enfants et adultes, que tu photographies. Merci.

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  2. Hola peregrino,

    Encore une belle aventure, joliement raconte, joliement illustree.

    Si l’envie t’en dit, j’ai en projet un Seville – Santiago (compostela) sur la Via de la Plata, 1000 kms, pour 2010 peut-etre… 🙂

    Suerte,
    Lilie

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